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« Loi 41 » et nouveaux actes professionnels des pharmaciens

30 mai 2016 | Janine Matte, pharmacienne, Matte et Petit

« Loi 41 » et nouveaux actes professionnels des pharmaciens

Depuis le 20 juin 2015, la Loi modifiant la Loi sur la pharmacie (communément appelée la « Loi 41 ») permet aux pharmaciens de poser des actes professionnels qui leur étaient jusque-là interdits. L’objectif est de faire primer l’intérêt du patient en favorisant la continuité des soins et en surveillant mieux la médication. On vise aussi à faciliter la communication avec le médecin traitant sans toutefois effectuer d’activités diagnostiques, à inscrire chaque acte aux dossiers des patients et à diriger les cas qui le requièrent vers un médecin ou une infirmière spécialisée.



Ce rôle « enrichi » du pharmacien s’accompagne entre autres d’un accès au Dossier Santé Québec (DSQ). Il consiste notamment à recevoir les personnes individuellement, de préférence sur rendez-vous, dans un bureau de consultation confidentiel afin de recueillir tous les renseignements pertinents.






C’est toute la fluidité du système de santé qui s’en verra accrue.




Une fois que le pharmacien a analysé sérieusement les effets décrits par le patient, il pourra produire des activités selon huit situations bien encadrées :




  1. Ajuster ou modifier la forme, la posologie ou la quantité d’un médicament prescrit.

  2. Ajuster ou modifier la dose d’un médicament afin d’atteindre les cibles thérapeutiques (obtenir un effet dans le cadre de l’usage d’un médicament). Le pharmacien doit communiquer avec le médecin traitant pour connaître l’objectif à atteindre, ce qui inclut les limites et contre-indications.

  3. Ajuster ou modifier la dose d’un médicament prescrit afin d’assurer la sécurité du patient. Sept conditions particulières ont été déterminées, notamment des effets indésirables d’un médicament, des interactions médicamenteuses et autres.

  4. Prescrire une analyse de laboratoire en pharmacie communautaire dans des conditions particulières aux fins de surveillance d’une thérapie médicamenteuse lorsque c’est la seule avenue disponible pour avoir un résultat récent.

  5. Prolonger l’ordonnance d’un médecin afin que le traitement prescrit ne soit pas interrompu. La prolongation ne peut excéder la durée de validité de l’ordonnance ou, si cette durée est supérieure à un an, elle ne peut dépasser une année.

  6. En cas de rupture d’approvisionnement au Québec, substituer au médicament prescrit un autre de même sous-classe thérapeutique. Le pharmacien doit s’assurer de ne pouvoir obtenir le médicament auprès de deux pharmacies de la région et de deux grossistes reconnus, et informer le médecin ainsi que le patient de la substitution.

  7. Dans 11 cas précis, prescrire un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis :

    1. diarrhée du voyageur;

    2. prophylaxie du mal aigu des montagnes;

    3. prévention de la malaria;

    4. supplémentation vitaminique en cours de grossesse;

    5. nausées et vomissements reliés à la grossesse;

    6. cessation tabagique;

    7. contraception orale d’urgence;

    8. contraception hormonale faisant suite à une prescription de contraception orale d’urgence;

    9. pédiculose;

    10. prévention antibiotique chez les porteurs de valves cardiaques;

    11. prévention de désordres gastriques chez les patients à risque.



  8. Prescrire un médicament pour une condition mineure lorsque le diagnostic et le traitement sont connus. Douze conditions sont prévues :

    1. rhinite allergique;

    2. conjonctivite allergique;

    3. herpès labial;

    4. acné mineure;

    5. vaginite à levure;

    6. érythème fessier;

    7. dermatite atopique (eczéma) nécessitant l’utilisation faible ou modérée de corticostéroïdes;

    8. muguet;

    9. aphte buccal;

    10. douleurs menstruelles primaires;

    11. hémorroïdes;

    12. infections urinaires.







Il faut qu’un diagnostic ait déjà été reçu et qu’un médicament ait été prescrit par un médecin. Toutefois, en présence de certaines situations cliniques, le pharmacien n’est pas autorisé à prescrire un médicament. Il doit alors diriger le patient vers un médecin et en préciser les motifs. Certains de ces services seront facturés par le pharmacien à la RAMQ ou à l'assurance privée du patient.



Ces nouvelles responsabilités des pharmaciens reflètent davantage la formation universitaire qu’ils ont reçue. Elles leur permettent de mieux déployer leurs connaissances, compétences et expérience afin de servir leur clientèle, tout en favorisant la prise en charge des cas qui ne requièrent pas forcément une consultation médicale. C’est toute la fluidité du système de santé qui s’en verra accrue.



 



 



 


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