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Les franchises… en toute franchise

5 avril 2012 | Johanne Martin

Les franchises… en toute franchise
Jusqu’au tournant des années 2000, quiconque investissait dans une bannière « s’achetait une franchise ». Aujourd’hui, il convient plutôt de dire qu’un franchisé « s’achète le droit d’exploiter son entreprise sous une bannière définie ». Si la franchise comme modèle d’affaires s’appuie sur une recette éprouvée, elle n’a pourtant rien de la simplicité à laquelle on l’associe généralement.


« La franchise est un monde d’apparence facile, et nombreux sont ceux – individus et entreprises confondus – qui se sont laissés prendre au piège de cette illusion. Dans les faits, la franchise représente une activité complexe, et toute décision de s’y engager doit être sérieusement mûrie », prévient d’emblée le président-directeur général du Conseil québécois de la franchise (CQF), Pierre Garceau.


« L’une des manières les plus saines d’envisager la franchise, c’est de considérer que l’on retient les services d’un franchiseur comme un conseiller à la mise en place et à l’exploitation de sa nouvelle entreprise. »
« L’une des manières les plus saines d’envisager la franchise, c’est de considérer que l’on retient les services d’un franchiseur comme un conseiller à la mise en place et à l’exploitation de sa nouvelle entreprise. »

Un profil gagnant


Selon Me Jean H. Gagnon, l’un des spécialistes sur la question au Québec, de façon générale, le futur franchisé doit avoir la capacité d’accepter un encadrement serré et d’assumer, en même temps, le risque de son entreprise. « L’une des manières les plus saines d’envisager la franchise, c’est de considérer que l’on retient les services d’un franchiseur comme un conseiller à la mise en place et à l’exploitation de sa nouvelle entreprise », résume Me Gagnon, qui préconise l’établissement d’un partenariat stratégique franchiseur – franchisé. La situation financière et la capacité d’emprunt du franchisé doivent, bien entendu, lui permettre de se lancer dans l’aventure, mais au-delà des considérations pécuniaires, il est nécessaire que celui-ci ait une bonne connaissance du secteur d’activité dans lequel il a choisi de travailler. « Un excellent exercice auquel peut se livrer un futur franchisé consiste à travailler pendant une certaine période dans un établissement du réseau avant de s’engager de quelque façon que ce soit », conseille le spécialiste.


Pour leur part, les bons franchiseurs détiennent habituellement un profil du franchisé qu’ils souhaitent avoir dans leur réseau. « Si certains réseaux de franchises importants connaissent peu d’échecs, c’est souvent en bonne partie grâce à la qualité de leur processus de sélection de franchisés », déclare Pierre Garceau, qui cite, comme modèles de réussite, à Québec, les bannières Adèle, Gus et La Piazzetta. Autant le futur franchisé doit rechercher les caractéristiques d’une gestion rigoureuse chez son futur franchiseur et éviter ceux qui ne semblent intéressés que par son argent, autant le franchiseur sérieux se doit d’analyser chaque candidature reçue et ne retenir que celles qui sont conformes aux critères de sélection de son réseau.


« La franchise représente une activité complexe, et toute décision de s’y engager doit être sérieusement mûrie. »
« La franchise représente une activité complexe, et toute décision de s’y engager doit être sérieusement mûrie. »

Avantages et inconvénients


L’un des principaux avantages que présente, pour le franchisé, l’entrepreneuriat en franchise, c’est évidemment de lui faire profiter de la notoriété déjà acquise par le réseau auquel il se joint. À cela s’ajoutent l’accès à une expertise pratique, la réalisation d’économies d’échelle en matière d’approvisionnement et un risque d’échec plus faible, pour ne nommer que ceux-là. « Mais il faut aussi penser aux restrictions très importantes qu’impose la franchise à l’autonomie et à la créativité du franchisé comme entrepreneur, de même qu’aux sommes, souvent considérables, qu’il doit verser au franchiseur. Au surplus, le franchisé est, dans une bonne mesure, à la merci de son franchiseur ainsi que des avatars que le réseau pourrait subir en raison de facteurs sur lesquels il n’a aucun contrôle », met en garde Jean H. Gagnon.


Un autre inconvénient non négligeable pour le franchisé réside dans la difficulté que peut poser le fait de mettre fin à son « mariage » ou à l’exploitation de son entreprise à sa guise à cause des engagements contractés par la convention de franchise et des recours offerts au franchiseur. « Pour cette raison – et pour bien d’autres d’ailleurs –, le franchisé devrait toujours lire attentivement le contrat qu’il s’apprête à signer, même s’il est long et qu’il semble complexe, et s’assurer de bien comprendre la teneur et l’importance de ses engagements », suggère M. Garceau, qui fait la promotion d’un code d’éthique des bonnes pratiques d’affaires.

Visiter des établissements de la bannière ciblée à titre de consommateur, rencontrer d’autres franchisés, vérifier les dossiers judiciaires du franchiseur et retenir les services d’un comptable et d’un conseiller juridique – qui détiennent à la fois des connaissances dans le secteur d’activité choisi et une expérience antérieure valable dans le domaine du franchisage – sont autant de mesures qui peuvent être prises pour limiter les risques de mauvaises surprises. « Il faut également savoir qu’au Québec, il n’existe présentement aucune loi-cadre régissant la franchise. Cette absence de législation portant directement sur la franchise signifie d’abord que, légalement parlant, une entreprise peut s’improviser franchiseur et accorder des franchises même si elle ne possède pas un concept de franchise préalablement éprouvé », avertit Me Gagnon. Aux yeux du juriste, cette carence législative devrait, à elle seule, suffire à motiver tout franchisé à prendre les précautions qui s’imposent avant de conclure quelque entente que ce soit avec un franchiseur. D’ici peu, un office de l’ombudsman chargé d’accueillir les litiges opposant franchiseurs et franchisés pourrait par ailleurs être créé, office qui aurait le pouvoir d’écouter et de faire des recommandations.




Quelques chiffres…



À l’automne 2011, le Conseil québécois de la franchise a commandé une vaste étude sur la situation de la franchise au Québec. Cette étude avait, entre autres, pour objectif d’établir le poids relatif de cette industrie au Québec. En voici les faits saillants :


  • 315 franchiseurs gèrent au moins un commerce en sol québécois et jusqu’à plus de 850 points de service.

  • 11 366 commerces au total sont associés au domaine de la franchise dans la province.

  • Le franchisage est présent dans 71 secteurs économiques différents, dont 4 se démarquent : la restauration, l’aide ménagère, la pharmacie et l’entretien automobile, sous lesquels sont catégorisés 52 % de tous les commerces reliés à ce modèle d’affaires.

  • La franchise regroupe près de 171 000 emplois, soit 4,31 % de tous les emplois au Québec.

  • Cette année, la franchise générera un chiffre d’affaires de 23,78 milliards de dollars, ou 8,68 % du produit intérieur brut de la province.

  • Enfin, la franchise est distribuée proportionnellement à la population dans toutes les régions administratives du Québec. On note cependant un léger sous-développement dans la région de Montréal et un léger surdéveloppement dans les régions de Québec et de Gatineau-Hull.





Un regroupement pour les franchiseurs



En décembre dernier, le Conseil québécois de la franchise a mis sur pied le Cercle des franchiseurs émergents, une première au Québec dans le domaine de la franchise. Depuis février, les franchiseurs qui sont dans les affaires depuis moins de sept ans et les propriétaires d’entreprises qui possèdent des établissements commerciaux et qui souhaitent devenir franchiseurs dans un avenir rapproché ont la possibilité, grâce à cette initiative, de briser leur isolement en échangeant entre eux, de préparer la relève et de bénéficier de conseils d’experts à l’occasion de rencontres organisées.



La franchise, qu’est-ce que c’est ?



La franchise est une relation commerciale et contractuelle à long terme entre deux entreprises juridiquement indépendantes l’une de l’autre. Par contrat, l’une d’elles (le franchiseur) accorde à l’autre (le franchisé) le droit de faire affaire d’une manière particulière mise au point et préalablement expérimentée avec succès par le franchiseur, dans un territoire délimité, selon des normes uniformes et définies, sous une ou des marques de commerce ou enseignes données, pour une durée limitée, moyennant rémunération.

  • Source : Conseil québécois de la franchise





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