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Le parcours singulier d’Esther Degorce-Dumas

2 novembre 2015 | Jean Chouzenoux, correspondant européen

Le parcours singulier d’Esther Degorce-Dumas

Née en Alsace, elle travaille à Bordeaux pour… la Société des alcools du Québec !



En 2010, Esther Degorce-Dumas est devenue la première mandataire de la Société des alcools du Québec (SAQ) pour la zone Europe, avec pied-à-terre directement en France. Depuis, elle travaille en étroite collaboration avec ses collègues de l’Approvisionnement et de la Mise en marché, au Québec. Stratégiquement, cette antenne sur le territoire européen permet à l’entreprise d’être constamment à l’affût des tendances inédites, d’avoir une présence soutenue au cœur des régions émergentes, de tisser des liens plus étroits avec la nouvelle génération de producteurs et de rechercher en permanence des produits originaux. C’est également une occasion pour expliquer davantage les rouages de la SAQ auprès des professionnels européens de la filière vinicole.





C’est bercée au coeur d’un beau village alsacien qu’Esther Degorce-Dumas a eu ses premières révélations bachiques et épicuriennes.





Ainsi, Esther passe le tiers de son temps dans les Salons de vin en France, en Italie, en Allemagne, ou à arpenter les zones viticoles de l’Europe occidentale. Ses venues trimestrielles au Québec lui permettent de capter les besoins du marché, de rencontrer les clients et les conseillers en vin, et surtout, de se mettre au diapason avec les membres de l’équipe SAQ… et cela revient comme un mantra : « Je ne travaille pas en vase clos parce que je suis à Bordeaux. Mon énergie, je la puise dans le travail en collégialité en lien avec une équipe compétente et soudée. »



Les origines d’une passion



C’est au creux du cocon familial qu’Esther est initiée au monde du vin. Dans son Alsace natale, ses parents sont de grands épicuriens et, chaque année, une semaine des vacances annuelles est consacrée à la visite d’une région viticole française. « Mon papa nous disait, à ma sœur et à moi, que l’univers du vin touchait à tout : l’agriculture, la géographie, la gastronomie, l’histoire, la chimie et, surtout, la rencontre de gens fascinants et passionnés. » Voilà un riche enseignement !



Pourtant, cela ne l’empêche pas de s’inscrire en droit à l’université de Strasbourg et de réussir sa maîtrise avec spécialité en Droit des affaires. Pendant cette formation scolaire, un professeur retient son attention. Celui-ci leur enseigne la législation reliée aux appellations d’origine (nombreuses en France et en Europe) et s’avère être un passionné de vin. « Je me suis dit qu’après le virus transmis par mon père, cet autre petit hasard de la vie était peut-être un signe : j’ai décidé de me spécialiser et de suivre deux masters en commerce international des vins et spiritueux. »





La première mandataire de la SAQ en Europe occupe un bureau dans le même édifice que le Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB), à Bordeaux.





Nous sommes en 1995 quand Esther s’installe à Paris pour cette dernière formation qui, concrètement, se déroule beaucoup plus dans les régions viticoles de France que dans la Ville Lumière. En outre, cela la conduit en Espagne, en Californie, en Argentine, en Italie, au Chili et se conclut par un stage de trois mois en Afrique du Sud. Par ailleurs, s’il faut s’initier à la notion des affaires liées à la filière viticole, encore faut-il connaître le produit : « Je me sentais petite dans les cours consacrés aux techniques du vin comme la viticulture, la vinification et la dégustation. Mes comparses étaient des ingénieurs agronomes ou des œnologues ! »



Le pied à l’étrier



Cet environnement a sans doute appris à Esther Degorce-Dumas à bûcher, à prendre confiance en soi et… à oser. Oser, comme répondre à une annonce d’un groupe familial bordelais qui recherche un responsable afin de développer et de coordonner le marché de l’exportation. Après la deuxième entrevue, « j’ai à peine eu le temps de rentrer chez moi, en Alsace, que mes parents m’ont remis la télécopie confirmant mon embauche auprès de la famille Lucien Lurton ». Ce dernier est le chef d’une fratrie de 10 enfants et l’entreprise gère maintenant ses activités sous le nom de La Passion des Terroirs. « Je m’installe donc à Bordeaux en 1998 et, rapidement, je me suis sentie comme le 11e enfant de la famille… Ah… quand mon père me disait que le monde du vin, c’est aussi la rencontre avec les gens ! »





La passerelle flottante qui mène au Salon Vinexpo, à Bordeaux. Esther Degorce-Dumas faisait partie de la délégation SAQ en juin dernier.





Au-delà des domaines viticoles familiaux comme Brane-Cantenac, Durfort-Vivens, Desmirail, Camarsac, Climens, Bouscaut ou Villegeorge, la Société fait aussi du négoce, et bien que la famille soit dans les affaires vitivinicoles depuis trois générations, ses vins sont à l’époque distribués quasi exclusivement en France. Alors, Esther a pour mission de développer de nouveaux marchés à l’international : « C’était mon chemin de Compostelle, car tout était à faire, c’était passionnant ! »



Pari réussi, car après 10 ans, des voies se sont ouvertes en Allemagne, en Belgique, au Royaume-Uni, en Hollande et, bien sûr, au Canada. Le marché québécois l’a positivement étonnée, ébahie qu’elle fut par la gamme de produits et le niveau de curiosité et de connaissances des amateurs. « Du pur bonheur », ajoute-t-elle. Au fil de l’eau qui court, la petite équipe de trois responsables commerciaux, dont Esther faisait partie en 1998, avait doublé au moment où, en 2010, elle accepte le défi que lui propose la SAQ.



Encore une première…



« J’étais triste de quitter La Passion des Terroirs, mais en même temps, j’étais prête à relever un nouveau défi et j’avais besoin d’élargir mes horizons hors des sentiers strictement bordelais. » À nouveau, Esther Degorce-Dumas sort de sa zone de confort, car il faut paramétrer ce nouveau rôle, se doter de nouveaux repères, créer de nouveaux contacts en Italie, au Portugal ou en Grèce, et préserver la cellule familiale conséquemment aux déplacements plus fréquents. Et elle me rappelle en terminant : « Je ne suis qu’un élément au sein d’une équipe fortement expérimentée. » Une démarche bien singulière et… empreinte d’humilité !



 



 



 



 



 



 



 



 



 



 


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