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Le « Davos » des coopératives

29 septembre 2014 | Donald Charette

Le « Davos » des coopératives

Entrevue avec Monique F. Leroux, présidente et chef de direction du Mouvement Desjardins, et initiatrice du Sommet international des coopératives.



Le Sommet international des coopératives, qui se tient pour la deuxième fois à Québec du 6 au 9 octobre, renforce le nouveau statut de la ville et de la province dans le monde de la coopération. Le Mouvement Desjardins est à l'origine de cette initiative qui permet aux dirigeants des grandes coopératives d'échanger tous les deux ans. Le pendant du Forum économique de Davos, en quelque sorte.



Dans son bureau de Lévis, qui offre une vue sublime sur la ville de Québec et les Laurentides, Monique F. Leroux explique comment est né le premier Sommet et ce qui est recherché dans le second.





Photo : Caroline Grégoire




« Le rôle d'une entreprise, ce n'est pas juste de faire de l'argent, mais de créer une valeur ajoutée et des emplois. L'emploi crée de la richesse, richesse qui peut être redistribuée. »




- Monique F. Leroux, présidente et chef de direction du Mouvement Desjardins. - Photo : Caroline Grégoire



En 2009, alors que le monde se relevait péniblement d'une grave crise financière, la présidente de Desjardins s'est « un peu » invitée à Davos pour établir des contacts. Une évidence s'est imposée : la formule coopérative a démontré sa résilience et permis, dans nombre de pays, de traverser la turbulence sans trop de dégâts.



Il faut donner quelques chiffres pour mesurer la force des coopératives :




  • Les ventes globales des 300 plus importantes coopératives au monde dépassent le 2 000 milliards de dollars, ce qui équivaut à la 9e puissance économique.



  • Les coops procurent 100 millions d'emplois, soit 20 % de plus que les multinationales, et contribuent au gagne-pain d'une personne sur deux !




Au Québec, il suffit de penser à la Coop fédérée, Agropur, la SSQ, Promutuel... pour apprécier la puissance de la formule coopérative.



Un peu en boutade, Monique F. Leroux en est venue à la conclusion qu'il faudrait créer un Davos coopératif. Après discussion avec ses collaborateurs, elle décide : « On l'essaie en 2012, une première fois. À la fin du Sommet, les gens nous ont demandé : "Allez-vous en faire un autre ?"  Nous, on s'était gardé une petite gêne. » 



Du 6 au 9 octobre 2014, on attend donc près de 3 000 participants venus d'une centaine de pays. Ceux-ci viendront partager leur expérience. Si le Sommet aborde cinq grands thèmes, deux retiennent l'attention et sont d'une grande actualité : la sécurité alimentaire et les soins de santé.



« La coopération est basée sur un besoin; l'épargne, par exemple, avec Desjardins. Or, nous cherchons à répondre aux besoins émergents, observe Mme Leroux. Nourrir sa population est un vrai problème dans certains pays et, surtout, le faire de façon sécuritaire avec une traçabilité. Ici, les coopératives font partie de la chaîne alimentaire. Dans le cas des soins de santé, il est évident que les gouvernements ne pourront prendre en charge tous leurs citoyens en raison du vieillissement et de l'état des finances. »



Dans ces deux cas, il s'agit donc d'échanger sur les modèles applicables ici et ailleurs. La présidente de Desjardins insiste sur la responsabilité sociale des entreprises. « Le rôle d'une entreprise, ce n'est pas juste de faire de l'argent, mais de créer une valeur ajoutée et des emplois. L'emploi crée de la richesse, richesse qui peut être redistribuée », martèle celle-ci avec conviction.



Au lendemain du Sommet, Monique F. Leroux va juger son succès selon quatre critères : la logistique, la valeur ajoutée (ai-je appris quelque chose ?), la conclusion d'accords bilatéraux et... la volonté de faire un autre Sommet dans deux ans, et donc, de répondre à un besoin.



Pour la ville de Québec, le Sommet international des coopératives, c'est une carte de visite fabuleuse; pour le Mouvement Desjardins et le mouvement coopératif québécois, une reconnaissance de son leadership.



L'agence Bloomberg ne désignait-elle pas Desjardins, en juin dernier, comme la deuxième banque la plus solide au monde ? Une étude de l'Organisation internationale du travail sur la résilience des coopératives décrit Desjardins comme le « noyau du mouvement mondial des coopératives d'épargne et de crédit ». Voilà aussi pourquoi Québec s'inscrit comme un autre Davos. 



Pour en savoir davantage sur le Sommet international des coopératives : sommetinter.coop


 



 



 



 



 


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