Recherche

[DIASPORA] Jim Carrey : pas vraiment une « tête carrée »

7 juillet 2016 | Jacques Noël

[DIASPORA] Jim Carrey : pas vraiment une « tête carrée »

Jim Carrey a commencé à faire des grimaces à 7ans, devant son miroir. Il n’a jamais arrêté depuis. 



En effet, l’acteur a fait de ses grimaces et de ses pitreries sa marque de commerce, son pain et son beurre. Grand, mince, plutôt beau bonhomme, Jim a un talent exceptionnel pour se déformer le faciès et faire l’ado attardé, même à une décennie de l'âge de la retraite. Une sorte de Michel Courtemanche. 



James Eugene Carrey est né à Newmarket, en banlieue nord de Toronto, le 17 janvier 1962. Son père, Percy Carrey (1927-1994), est comptable; sa mère, Kathleen Oram, s’occupe des quatre enfants à la maison. Comme au temps de Madmen. Le couple s’est marié à Sudbury, une ville importante de la diaspora, où est né Ti-Zoune, un autre comique très doué du faciès aussi… 



Quand Percy perd son emploi, les temps deviennent durs pour les Carrey. Jim quitte l’école à 15 ans et travaille comme concierge pour aider la famille. Surdoué rare pour la grimace, il commence à faire des spectacles à gauche et à droite dans des bars de Toronto. Le Toronto Star le trouve drôle. À 19 ans, gonflé à bloc, le concierge part pour la Cité des anges avec mille piasses en poche.  



Jusqu'ici, l’acteur a joué dans une quarantaine de films à Hollywood, en plus d'une demi-douzaine de séries télévisées. Son rôle dans The Truman Show en 1998 lui a valu un Golden Globe ainsi qu’un deuxième pour Man on the Moon en 1999. Toujours populaire, maintenant citoyen américain, il était de la remise des Oscars en 2014, aux côtés d’Ellen De Generes. 



Jim Carrey n'est pas seulement un grand comique; il peut aussi être très sérieux. L'an dernier, il a fait une sortie fort remarquée contre la vaccination obligatoire des enfants. Il faut dire qu'il a partagé sa vie pendant cinq ans (de 2005 à 2010) avec l'actrice et présentatrice Jenny McCarthy, qui attribue l'autisme au vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Jim soutient ne pas être entièrement opposé aux vaccins, mais à la présence d'aluminium et de mercure avec lesquels on « empoisonne » les enfants vaccinés. Serait-ce son personnage de Dumb and Dumber (La Cloche et l'idiot en version française) qui déteindrait sur le pauvre Jim, se sont demandé ses admirateurs ? 



Les Carrey sont des Carré d’Amérique  



Les Carrey sont, en fait, des Carré d'Amérique. Le père de Percy, François Carré (1901-1960), était Franco-Ontarien. Tout comme sa mère, Angéline Sauvé. Le couple s'est marié en 1921 à Espanola, un fief francophone situé sur les rives du lac Huron, près de Sudbury. 



L'histoire raconte que les Ojibwés avaient ramené du sud une Espagnole qui a épousé un autochtone et a enseigné la langue de Cervantès à ses enfants. Plus tard, lorsque les premiers voyageurs et coureurs de bois français débarquèrent dans le coin et entendirent des mots d'espagnol dans la bouche des autochtones, ils nommèrent le lieu Espanola, qu'on anglicisa par la suite en Spanish River. Au début du 20e siècle, Espanola était à moitié francophone. 



En 1910, Espanola connut son Lac-Mégantic : un train du CPR dérailla, plongeant dans les eaux glacées de la rivière, entraînant la mort de 43 personnes. C'est l’un des pires accidents de l'histoire ferroviaire du Canada. Les Québécois venaient surtout travailler pour l'Abitibi Paper. La crise de 1929 entraîna la fermeture du moulin et la quasi-fermeture de la ville.  



Quelques années après leur mariage, les Carrey sont donc forcés de quitter Espanola. Ils mettent le cap sur le sud, à Toronto. François, qui était mécanicien de locomotive, s'est trouvé un emploi comme responsable de l'entretien de la glace au Maple Leaf Gardens. Les parents de François, Pierre et Mélina Clément, venaient de Maniwaki. Après leur mariage, en 1883, ils s'établissent à Sudbury. En 1898, ils retournent au Québec, puis repartent en 1902 à Victoria Mines, avant d'aboutir à Espanola vers 1910, suivant les occasions de travail, comme les migrants contemporains. 



Le premier Carré, Marc-François, est arrivé à Québec vers 1740, vers la fin, donc, du régime français. Originaire des Côtes-D'Armor, près de Saint-Malo, il était marchand. En 1742, Carré épouse, à Saint-Joachim, sur la Côte-de-Beaupré, Josephte Paré (1722-1769), une Canadienne de la troisième génération. Les quatre générations suivantes ont prospéré autour de Montréal, avant le déménagement des Carré en Ontario à la fin du 19e siècle, où ils finiront en Carrey. Mais pas vraiment en « têtes carrées»... 





Lignée paternelle de Jim Carrey 


CARREY, Percy (1927-1994) 



ORAM, Katherine/Kathleen (1927-1991) 



Mariés en 1949, Sudbury, Ontario 





CARRÉ, François (1901-1960) 



SAUVÉ, Angéline (1906-1960) 



m. mars 1921, Saint-Louis-de-France, Espanola, Ontario 





CARRÉ-LAROUCHE, Pierre (1863-?) 



CLÉMENT, Mélina 



m. 26 mars 1883, Maniwaki 





CARRÉ-LAROUCHE, François 



LABELLE, Émilie (1820-?) 



m. 9 novembre 1847, Saint-Janvier, Terrebonne 





CARRÉ, François (1790-?) 



JOLY, Marie (1794-?) 



m. 9 octobre 1815, Saint-Benoît, Deux-Montagnes 





CARRÉ, François (1765-?) 



MARTIN-LADOUCEUR, Marie-Louise (1771-?) 



m. 24 novembre 1789, Saint-Martin, Laval 





CARRÉ, René-François (1743-1805) 



FAUVEL-BIGRAS, Marguerite (1738-1807) 



m. 27 février 1764, Notre-Dame de Montréal 





CARRÉ, Marc-François (1713-?) 



PARÉ, Josephte (1722-1769) 



m. 19 novembre 1742, Saint-Joachim, Montmorency 





Quelques films qui ont marqué la carrière de Jim Carrey 










rêver

Gérer le consentement