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Essai routier de la Chevrolet Corvette Stingray

7 novembre 2014 | Frédéric Masse

Essai routier de la Chevrolet Corvette Stingray

Révélation



Je suis encore un peu secoué. Je viens probablement de vivre l’un des moments automobiles les plus déstabilisants de ma vie. La preuve qu’il ne faut jamais dire jamais. Pour quelle raison ? J’aime la nouvelle Corvette. Presque autant que la Porsche 911 et même autant que la Ferrari 458. Où est le problème ? vous demandez-vous sans doute. J’ai toujours, d’aussi loin que je puisse me rappeler, voué un culte de la haine à cette voiture, qui livrait certes des performances ahurissantes, mais qui projetait une image tellement clichée que je n’arrivais pas à l’apprécier. Puis, on m’a tendu les clés de la nouvelle Corvette Stingray…



« Ça n’a pas de bon sens ! » C’est tout ce que j’arrivais à dire, un immense sourire aux lèvres, alors qu’en compagnie de mon ami Philippe, qui s’agrippait au siège passager, nous enfilions des virages serrés à haute vitesse. C’était un moment magique. « Elle coûte combien, cette voiture, Fred ? Plus de 100 000 $ ? Au moins autant que la Porsche (une 911 Carrera 4S d’une valeur de 150 000 $) que nous avons essayée ensemble, hein ? » C’est à ce moment-là que je lui ai sorti mon premier : « Ça n’a pas de bon sens ! »





Ce qui n’a pas de bon sens, c’est le prix de cette Corvette. Encore aujourd’hui, mon cerveau n’arrive pas à se faire à l’idée qu’on puisse obtenir autant de performance en déboursant moins de 55 000 $. Meilleur rapport qualité-prix-performance de l’industrie ? Sans aucune comparaison possible. La nouvelle Corvette donne carrément des leçons de conduite à plusieurs exotiques en utilisant, qui plus est, des matériaux nobles (carbone, magnésium, composite et aluminium), et ce, sans pour autant faire grimper le coût de la facture.





Il faut entendre le nouveau V8 de 6,2 litres (ou 376 pouces cubes, si l’on utilise le langage des Muscle Cars) rugir lorsqu’on démarre la Vette. Juste ce son vaut le prix demandé. J’ose à peine imaginer celui de la Z06. La beauté dans l’histoire ? J’ai roulé une moyenne de 11 litres aux 100 km en conduite normale grâce, notamment, à la gestion active des cylindres. Tout dans la conduite de cette voiture est idéal : ses 455 purs-sangs, sa répartition de poids 50/50, son ossature en aluminium plus rigide de 57 % par rapport à la génération précédente, son fantastique couple de 460 livres-pieds, sa puissance disponible à tous les régimes, sa boîte manuelle à sept (!) rapports ultra-précise, sa pédale d’embrayage irréprochable… et ce n’est qu’un aperçu. En moins de quatre secondes, vous aurez atteint la vitesse limite sur nos autoroutes.



J’ai aussi eu la chance d’essayer l’ensemble Z51 avec ses suspensions et ses freins Brembo de performance, ainsi que son différentiel à glissement limité, dont le prix fait grimper la facture à 59 880 $, mais qui vaut chaque dollar dépensé. En un tournemain, la Corvette avalera chaque petite courbe et se collera à la route plus fort que vous pouvez même l’anticiper. Sa direction ? On dirait carrément un prolongement de notre cerveau tellement elle est précise et communicative. La suspension magnétique, une option de 1 885 $ que vous devez aussi absolument cocher, est tout simplement parfaite (le mot est pesé et choisi).





En conduite normale (il y a cinq modes au total : intempéries, éco, promenade, sport et piste), elle dorlote comme peu de voitures sport savent le faire. En mode Track, elle se transforme en rivet à asphalte qui, aidé par des roues énormes de 19 pouces à l’avant et 20 pouces à l’arrière d’une bonne largeur (P285/30ZR20 pour être plus précis), donne tellement d’adhérence qu’on se sent simplement invincible à son volant. Ce serait par contre une très mauvaise idée pour un conducteur novice de désengager tous les contrôles de traction et de stabilité, et de se laisser aller trop vite dans les courbes… Il risquerait de le regretter amèrement. La Corvette pourrait facilement mordre un conducteur imprudent. C’est aussi la beauté de la chose.



La Corvette a toujours livré des performances qui lui donnaient des airs de voiture exotique. C’est vrai, mais jamais dans un tel ensemble. À l’intérieur, c’est agréablement bien ficelé. On est très loin de l’impression « bébelle » (je n’ai su trouver un meilleur mot) que dégageaient les habitacles passés. C’est beau, bien fini, techno; certes pas parfait, mais vraiment simple et intuitif. Les cadrans numériques configurables ont fière allure, les sièges sont immensément soutenants, la qualité des matériaux est enviable. On détecte une atmosphère de jeux vidéo dans le design, et c’est justement à cela que sert cette Corvette : à jouer.



De plus, il faut le dire, la Corvette possède maintenant une belle gueule. Sérieusement, jamais je n’ai compté autant de pouces en l’air sur mon passage, de regards flatteurs, de visites des voisins, de conversations passionnantes avec de purs inconnus… depuis mes derniers essais de voitures exotiques. Il faut reconnaître que sa robe jaune électrique attirait inévitablement les regards. Mais sa ligne, rappelant celle des Ferrari dans certains détails, ses quatre pots d’échappement flanqués en plein sous le pare-choc et ses traits angulaires font tout pour attirer l’attention. Beaucoup de gens qui, de toute évidence, s’y connaissent un peu moins en automobile m’ont dit : « Elle est belle, votre Ferrari, Monsieur. »



Entendons-nous bien : je n’aurais jamais, au grand jamais, considéré l’achat d’une Corvette avant d’effectuer cet essai routier. Mais la dernière Stingray m’a littéralement séduit. Si j’étais employé par GM, je travaillerais extrêmement fort pour redorer l’image de cette voiture et lui redonner tout le respect qu’elle mérite. Et si j’étais vous, je choisirais la version Z51 (qui comprend notamment un différentiel électronique à glissement limité, un circuit d’huile à carter sec, un freinage intégral, un refroidisseur de différentiel et de boîte de vitesses, une suspension magnétique) et j’aurais en main, pour un peu plus de 60 000 $, l’une des 10 voitures les plus fantastiques que j’ai eu l’occasion de conduire au cours de mes 14 années de chroniques automobiles. Bravo, Corvette !  



 



Modèle essayé : Chevrolet Corvette Stingray Z51


Prix de base : 54 845 $


Prix du modèle essayé : 77 880 $


Moteur : V8 6,2 litres de 455 chevaux et 460 livres-pieds de couple


Transmission : Manuelle à sept rapports avec fonction Active Rev Matching


 


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