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À l’assaut des gorges d’Aradena en Crète occidentale

1 août 2019 | Natalie Sicard

À l’assaut des gorges d’Aradena en Crète occidentale
Sur la photo : La vue époustouflante sur la mer depuis le plateau d'Anapoli. © Natalie Sicard

Les gorges de Samaria, en Crète, sont bien connues des amateurs de trekking et drainent des foules de randonneurs durant l'été. Or, celles d’Aradena sont tout aussi spectaculaires. En mai dernier, je les ai escaladées lors d’un trek de 10 jours, sur la plus grande des îles grecques, et les souvenirs de ces paysages grandioses, ces falaises de calcaire bordées de rosiers en fleurs se jetant dans la mer de Libye sont encore frais dans ma mémoire.






Nous sommes d’abord arrivés à La Canée, pour ensuite nous rendre au coeur des Montagnes Blanches (Lefká Óri) dans la partie ouest de l’île, dont le lot de sommets et de gorges en fait la région la plus fréquentée pour les treks. Ces sentiers millénaires ont été empruntés par les Minoens, Romains, Byzantins, Vénitiens, Turcs; tous ces peuples qui ont occupé l’île avant son rattachement à la Grèce en 1913.

Récit



Nous avons pris le bus jusqu’au port de Sfakia sur la mer de Lybie qui dessert en bateau les villages du littoral. Nous avons déposé nos bagages sur le bateau et avons entamé notre première balade de quatre heures sur le sentier côtier, entre les bosquets d’estragon et de thym.

Chora Sfakia © Natalie Sicard




Nous déposons nos bagages sur le bateau dans le port de Sfakia; nous les retrouverons à notre hôtel, dans la baie de Finikas. © Natalie Sicard



Les Oh! Wow! Ah! scandent nos pas, tant la beauté du paysage nous ébahit. Une baignade à la plage édénique de Sweet Water et on atteint notre auberge dans la baie de Finikas. Nos hôtes nous accueillent avec des spécialités crétoises et le traditionnel verre de stadiki (le raki crétois) qui panachera toutes nos fins de journée. Yamas ! (santé!) Le ton est donné pour les neuf prochains jours : paysages époustouflants, accueil chaleureux, plages de galets cuisant au soleil et une gastronomie fabuleuse. La Crète, c’est ça !


La crique de Sweet Water et son snack sur pilotis. © Natalie Sicard



Paysages époustouflants, accueil chaleureux, plages de galets cuisant au soleil et une gastronomie fabuleuse. La Crète, c’est ça !

De bon matin, le deuxième jour, nous quittons le petit village de Finikas en direction de la plage paradisiaque et isolée de Marmara, où nous engouffrons un copieux déjeuner à l’unique Taverna de la place. Bien repus, nous entamons notre randonnée de la journée : l’ascension des gorges d’Aradena jusqu’au village du même nom, puis celui d’Agios Ioannis à 800 mètres. d’altitude.


Baie de Finikas © Natalie Sicard



Agios Ioannis © Natalie Sicard



Plage de Marmara © Natalie Sicard



Le dénivelé est d’environ 600 mètre, mais la montée s’étend sur la longueur de la gorge, soit sur environ huit kilomètres. Nous marchons d’abord dans le lit de la rivière bordée de majestueuses parois de calcaire de 150 mètres de haut. J’avance en humant ça et là les effluves de menthe et de thym. Malgré l’omniprésence de la roche, la diversité végétale est étonnante. Lauriers en fleurs, gattiliers, genévriers, cyprès, pins de Calabre, platanes et pins élancés nous attendent à chaque détour. De toute beauté !

Nous marchons à l’ombre des falaises, le plus possible au centre de la gorge, afin d’éviter les chutes de pierres dues aux kri-kri, ces chèvres sauvages endémiques de la Crète qui déambulent sur le flanc des parois. Dans ce décor majestueux où règne un silence minéral, les effluves de plantes aromatiques, de menthe et de thym titillent agréablement nos narines.

Les gorges d’Aradena étant moins fréquentées que celles de Samaria, qui se trouvent sur le même littoral, nous avons croisé à peine une vingtaine de personnes descendant la gorge et seulement ‪vers midi‬‬.


Le pont suspendu dans les gorges d'Aradena. © Natalie Sicard




Peu à peu, les gorges s’élargissent, offrant une vue époustouflante avec, au loin, le fameux pont métallique suspendu, bâti en 1986 pour relier les villages d’Anapolis et d’Aradena. Il est à 138 mètres de hauteur. Avant ce pont, les villageois empruntaient un chemin muletier pavé pour aller à Anapolis vendre leur miel, huile d’olive, fromage, peaux de chèvre ou encore, faire le plein de contenants ou de divers outils.


La vue époustouflante sur la mer depuis le plateau d'Anapoli. © Natalie Sicard




Montée dans les gorges d'Aradena © Natalie Sicard




Les parois vertigineuses du chemin muletier dans les gorges Aradena. © Natalie Sicard






Jusqu’en 1986, c’était une véritable autoroute. Nous nous lançons sur ce sentier, un chemin plutôt raide en lacets avec des marches et des barres protectrices en bois et plutôt vertigineuses (environ 10 mètres de haut). Ce dernier segment de la randonnée prend par moment des allures d’escalade et les liens se resserrent entre les dix randonneurs, chacun veillant à la sécurité de celui en avant ou en arrière. Un moment fort de la journée !


Montée dans les gorges d'Aradena. © Natalie Sicard





Une fois au sommet, la découverte du village abandonné d’Aradena est une vraie récompense. Baignés par le soleil, les ruines d’une église byzantine et de maisons en pierre, des oliviers tricentenaires, d’anciennes terres cultivées en céréales avec en toile sonore le bourdonnement de milliers d’abeilles offrent une scène bucolique à souhait.


Les ruines dans le village d'Aradena. © Natalie Sicard







Ruines dans le village abandonné d'Aradena © Natalie Sicard



Nous rejoignons la bergerie du petit hameau d’Agios Ioannis où nous dormirons trois soirs. À 950 mètres d’altitude, on y a une vue panoramique sur le massif des Montagnes Blanches dont les monts Pachnès à 2453 mètres et Zeranokefala à 2100 mètres. que nous escaladerons le lendemain.


Au sommet dans le village d'Aradena. © Natalie Sicard




Vue sur le mont Zeranokefala depuis la bergerie. © Natalie Sicard



L’ascension de Zeranokefala n’est pas de tout repos. Le sentier à peine tracé et garni de gros cailloux demande agilité et concentration. Le temps est gris, mais on profitera du panorama grandiose. On ressent la progression du trek en altitude et d’une certaine façon, la vie de nomade des bergers crétois. C’est ce que je me dis en reprenant mon souffle. C’est que, du souffle, il en faut pour la montée et la descente qui est plutôt sportive, car c’est glissant.

On nous attend au retour avec des dakos, une salade de tomates concassées avec origan sur une biscotte d’orge séchée, une moussaka et des kaltsounias, chaussons fourrés de fromage mizythra au lait de chèvre. Un régal. Et, surprise, après le souper, deux musiciens nous entraînent sur les rythmes de chants typiques de la région. On se retire, la panse pleine et le coeur léger, pour s’endormir au son des clochettes des 150 chèvres de la bergerie.


La bergerie © Natalie Sicard



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Infos pratiques



Quand y aller : de mai à fin octobre, alors que la température moyenne est de 30 degrés.

À savoir : pour faire la descente ou la montée des gorges de Samaria, le Parc National de Samaria est ouvert ‪du 1er mai au 15 octobre‬‬.

D’une durée de 10 jours, cet itinéraire de trek mer, montagne, histoire et gastronomie est offert par Les Karavaniers au printemps et à l’automne, avec nuitées en auberge et un maximum de 10 participants. Classé par l’agence « niveau 2 », soit effort modéré, les randonnées sont ‪de 4 à 7 h‬‬ par jour, avec la possibilité de faire deux ascensions d’environ 900 m de dénivelé chacune et, au besoin, de prendre une pause d’une journée, puisqu’on dort toujours 2 nuits d'affilée au même endroit. Pas besoin d’être un athlète aguerri, mais une bonne forme physique est essentielle. Pour un premier voyage de longue randonnée, c’est un excellent choix.

En savoir plus : karavaniers.com

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À propos de notre blogueuse, Natalie Sicard





Épicurienne, curieuse, un brin globe-trotteuse, Natalie Sicard est journaliste en voyage et art de vivre. Elle pourra nous parler de Qi Gong comme de l’Inde, de New York comme du yoga aérien. Elle partage ses publications, ses passions et intérêts sur son site natmonde.com : le reflet de toutes ses curiosités ! Humer ici et ailleurs, comment les gens pensent, vivent, créent. C’est si inspirant !

Explorez davantage : natmonde.com




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